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La mare aux mots - Le blog
7 septembre 2011

L'invitée du mercredi : Gudule

Gudule est une auteure jeunesse que nous adorons à La mare aux mots. Nous avons déjà parlé de L'amour en chaussette et Contes et légendes de l'amour. Nous sommes super heureux qu'elle ait acceptée d'être la première de nos invités. Merci à elle d'avoir répondu à nos questions et d'inaugurer Les invités du mercredi.

 

thumb-IMG00037-20091018-0953La mare aux mots :  Quel est votre premier souvenir de livre d'enfant ou la première lecture qui vous a marquée ?

Gudule : Sans hésiter, je répondrai : Fifi Brindacier, d’Astrid Lindgren. C’est vers le milieu des années cinquante que j’ai découvert ce merveilleux personnage. Jusque là, la littérature pour la jeunesse était d’un conformisme effarant. Elle avait avant tout un rôle pédagogique, sans nuance aucune. Les enfants sages étaient récompensés, les « méchants » étaient punis, et tout tournait autour de cette notion manichéenne. On y prônait l’obéissance, la politesse, le respect de l’autorité, etc. Puis Fifi est arrivée, et elle a joyeusement bousculé tout ça. Une petite fille très forte, très fantaisiste et très impertinente, vivant seule dans une maison en désordre, avec pour compagnons un singe et un poney, et un papa pirate qui la couvrait d’or. Un fantasme sur pattes ! Elle a été ma première vraie approche de la liberté. Et je n’ai cessé, par la suite, d’essayer à mon tour de créer des « Fifi » indociles, raisonneuses et rigolotes. Des héroïnes selon mon cœur...

 

LMAM : Pourquoi avoir choisi d'écrire pour les enfants ?

Gudule : Je n’ai pas vraiment choisi — d’ailleurs, je n’écris pas QUE pour le enfants. J’écris pour des lecteurs, point. Quel que soit leur âge. Si la part d’enfance en moi s’exprime plus souvent que la part adulte (les quatre-cinquième de mon œuvre sont destinés à la jeunesse), c’est peut-être parce que ma propre enfance est toujours vivace en moi. Mais je peux également écrire des textes, noirs, érotiques, violents, cyniques où s’expriment mon expérience et mes angoisses d’adulte !

De toute façon, quel que soit le public auquel je destine mes livres, mon plaisir d’écrire est le même.

 

LMAM : Vous écrivez aussi pour les adultes sous le nom d'Anne Duguël. En quoi est-ce différent d'écrire pour les adultes ? Pourquoi avoir choisi d'écrire sous deux pseudo différents?

 Gudule : Les thématiques sont forcément différentes, quand le lectorat est différent. En revanche, comme je le disais plus haut, le plaisir d’écrire est le même et le style très proche. Simplement, le récit fait appel à d’autres réalités, à d’autres mécanismes mentaux. Mais la frontière est parfois si ténue qu’il est arrivé que des livres, destinés au départ à la jeunesse, se retrouvent publiés dans des collections pour adultes, et inversément, que des textes que je destinais aux adultes soient étudiés en lycée.

Le pseudo « Anne Duguël » est une exigence de mon premier éditeur pour adultes (Denoël) qui trouvait que « Gudule », ça ne faisait pas assez sérieux. J’ai donc créé de toute pièce ce second pseudo, qui comprend mon vrai prénom et un anagramme de Gudule. Cela m’a permis, durant des années, de bien différencier mes deux publics. C’est en 1999 qu’un éditeur de chez Flammarion m’a demandé de signer « La mort aux yeux de porcelaine », destiné aux adultes, de mon pseudo pour la jeunesse, et ce pour es raisons commerciales : Gudule marchait mieux qu’Anne Duguël. Chose étrange, les deux demandes ont été faites par la même personne, l’éditeur Jacques Chambon, décédé aujourd’hui, qui entre-temps avait changé de maison d’édition.

Pour Le petit jardin des fées, sorti en janvier aux éditions Mic-Mac, j’ai repris le pseudo d’Anne Duguël, abandonné depuis onze ans, parce que j’en avais marre de retrouver systématiquement mes romans pour adultes dans les rayonnages jeunesse des supermarchés — preuve que les vendeurs se fiaient au nom de l’auteur sans se préoccuper du contenu des livres.

 

LMAM : Vous avez été une des premières à écrire des histoires pour enfants qui ne les prennent pas pour des idiots, cela vous a-t-il causé du tort ? (boycott, souci de distribution,..)

Gudule : Et pas qu’un peu ! Mon côté « pas politiquement correct » m’a valu pas mal de refus, alors même que mes livres plaisaient aux lecteurs et récoltaient de nombreux prix. D’ailleurs, il m’arrive encore aujourd’hui de me faire refuser des manuscrits par des éditeurs qui, par ailleurs, vendent certains de mes titres à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Les trois quarts de mes livres m’ont été refusés au moins une fois, Je raconte, dans l’avant-propos de « Les filles mortes se ramassent au scalpel » (recueil de huit romans fantastiques, parus il y a trois ans aux éditions Bragelonne) les pérégrinations d’un manuscrit maudit, qui passe ainsi d’éditeur en éditeur, et en sort à chaque fois un peu plus mutilé. Mais il est loin d’être le seul ! Il ne fait pas bon avoir « mauvais genre » dans la littérature française pour la jeunesse !

Par ailleurs, des romans comme L’amour en chaussettes ont été boycottés et traînés dans la boue par des enseignants et des parents d’élèves, avant d’être réédités dans des collections aussi populaires que « Toi+moi », chez Pocket jeunesse.

 

LMAM : Comment avez-vous vu évoluer la littérature jeunesse (tant dans les écrits que dans la production)? Pensez vous qu'il y ait encore du chemin à faire, des choses à améliorer ?

Gudule : Je n’ai pas les éléments en main pour poser un regard global sur la production actuelle. La seule chose que je peux déplorer (mais ça fait des années que j’en parle) c’est la tendance exponentielle à publier des textes anglo-saxons au détriment des créations locales. Ce qui, d’une part, engendre chez les lecteurs un véritable déni de la littérature française, d’autre part, ne permet pas à de nouveaux talents d’éclore, et troisièmement, uniformise la production de manière redoutable (ah, les ravages de Twilight dans la littérature pour adolescents !). Par bonheur, on voit fleurir aujourd’hui une génération de jeunes éditeurs qui, eux, ne tombent pas dans ce travers. Mais ils sont souvent peu ou mal distribués, font des tirages confidentiels et surtout n’ont pas les moyens de payer leurs auteurs. Ce qui, bien sûr, est un autre frein à la création.

 

LMAM : Parmi les jeunes auteurs, y en a-t-il que vous aimez particulièrement ? Que lisez vous à vos petits-enfants ?

Gudule : Alors là, impossible de répondre : la plupart des auteurs pour la jeunesse sont mes copains. Si je cite les uns, les autre vont m’en vouloir ! Disons que je lis à mes petits-enfants les bouquins que j’ai sous la main — et j’en ai beaucoup !

 

LMAM : Votre fils, Olivier Ka, écrit lui aussi pour les enfants, êtes-vous fière de cette transmission ?

Gudule : Fière, je le suis, c’est évident. Mais je ne parlerai pas de tansmission, je parlerai plutôt de talent. Olivier est bourré de talent, et ça, il ne le doit qu’à lui-même. D’ailleurs, à la réflexion, le mot « fière » me semble mal adapté. Pourquoi pas « admirative », tout simplement ?

 

LMAM : Quel livre êtes vous le plus fière d'avoir écrit ?

Gudule : Celui que je n’ai pas encore écrit et qui, je l’espère, sera mon meilleur !

 

Nous vous conseillons la lecture de son blog : http://gudule.over-blog.com

Son actualité est riche, viennent de sortir ou sortiront prochainement :

Pauvres dragons ! (Glénat) album pour les 5-7 ans
L’inconnu de la ville fantôme (Mic-Mac) roman pour les 10-13 ans
Moi, peur des chevaux ?(MicMac) roman pour les 8-11 ans
Les dentelles du diable (Mic-Mac) roman pour les 11-14 ans
La maison cannibale (Mic-Mac) roman pour les 10-13 ans
Cauchemars à l’école (Mic-Mac) série de petits romans pour les 8-11 ans, comprenant 6 titres :
       Les bonbons de l’épouvante
        La guerre des poils
        Le génie de la lampe de poche
        Jurassic square
        Les tags attaquent
        Gare à la poupée zarbie
Dodo les monstres !
(Lire c‘est partir) album pour les tout-petits
Le Noël d’Amélie (Lire c‘est partir) album pour les tout-petits
Le lupanar des anges (Mic-Mac) roman pour adultes
Le garçon dans ma tête (Mijade) roman pour les 10-13 ans
Histoires de fées (Milan) album pour les 8-11 ans
La princesse au teint de lune et autres contes du Japon (Mic-Mac) album pour les 8-11 ans
Le pirate en sucre rose (Gargantua) album pour les 8-11 ans
L’ogre bleu et autres contes des îles (Mic Mac)
album pour les 8-11 ans

 

A mercredi prochain pour un nouvel invité!

 

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Commentaires
H
Gudule, au même titre que Roald Dahl, font partie des auteurs qui ont marqué mon enfance, et j'ai encore beaucoup de plaisir à la lire aujourd'hui. Merci pour cette interview !
A
Trop bien :)
A
J'adore Gudule ! Merciiii pour cet interview !
M
Merci pour cette interview enrichissante. <br /> Je plaide coupable : jamais lu Gudule ou Anne Duguël mais ces ouvrages m'intéressent. Je partage l'interview.
S
Gudule est un auteur que j'aime beaucoup ! Merci pour cette interview très intéressante. Quand je travaillais en collège, je mettais "L'amour en chaussettes" bien en évidences sur les présentoirs du CDI :) !
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